texte extrait

de Un Apologiste du Catholicisme, Charles Maurras

par le Commandant Dublaix

(Editions de l’Action Française, 1925).


Collaborateur de l’Action Française, le commandant Dublaix publia, avant et après la guerre de 14-18, plusieurs plaquettes de propagande royaliste à la « Librairie de l’Action Française » : La Condamnation du Sillon - Le Duc d’Orléans, sa doctrine, son programme - Un Apologiste du catholicisme, Charles Maurras - République et Royauté (de ce dernier ouvrage d’une vingtaine de pages, on trouvera le texte complet sur le site Commandant DUBLAIX).

Mais c’est de la plaquette sur Maurras que j’ai extrait les deux pages suivantes.


« Voici, en traits rapides , les étapes du long calvaire que la IIIe République à fait gravir à l’Eglise en France.

En 1879, loi interdisant l’enseignement, même dans les établissements privés, aux membres des congrégations religieuses non autorisées (1) ; loi écartant les ministres du culte des commissions administratives des hospices.

En 1880, le 29 mars, décret ordonnant l’expulsion des Jésuites et des membres des autres congrégations non autorisées. En juillet et novembre, dragonnades républicaines ; crochetage de 260 monastères ; plus de 5.000 religieux sont chassés de leurs demeures par la force et dépouillés de leurs biens.

La même année, loi supprimant les aumôniers militaires ; loi abrogeant celle de 1814 sur la célébration du dimanche ; loi frappant les biens des congrégations autorisées d’un impôt de mainmorte et d’une taxe d’abonnement.

En 1881, les fabriques et les menses épiscopales sont déclarées inaptes à recevoir les libéralités destinées aux pauvres.

En 1882, première loi sur l’enseignement laïque : l’entrée de l’école est interdite au prêtre ; les heures de catéchisme ne devront jamais concorder avec les heures de classe ; les crucifix sont enlevés des écoles.

En 1883, avis du Conseil d’Etat autorisant le gouvernement à supprimer, à son gré, les traitements des ministres du culte. Décret interdisant l’entrée des églises aux troupes chargées de rendre les honneurs funèbres.

En 1884, loi municipale : pouvoir discrétionnaire accordé aux maires sur les manifestations extérieures du culte. Loi du divorce. Loi supprimant les prières publiques pour la rentrée du Parlement.

En 1885, désaffectation de l’église Sainte Geneviève qui redevient le Panthéon : on en expulse la patronne de Paris pour y mettre Voltaire, Jean-Jacques Rousseau et, plus tard, le scatologue Zola et Jaurès le mauvais Français.

En 1886, deuxième loi sur l’enseignement primaire, prescrivant la prompte laïcisation de toutes les écoles de garçons et de filles.

Fermeture, par la violence, d’un certain nombre de chapelles dites non concordataires. C’est en protégeant l’une de ces chapelles qu’Henriette Bonnevie, ouvrière papetière, est tuée d’un coup de revolver, par un gendarme, à Châteauvillain (Isère).

En 1889, loi de recrutement : les curés sac au dos !

En 1893, loi sur la comptabilité des fabriques et des menses épiscopales, qui sera désormais surveillée par les agents du fisc.

En 1900, abolition du deuil du Vendredi-Saint dans la marine française.

En 1901, loi Waldeck-Rousseau contre les congrégations religieuses : toutes les autorisations accordées par les divers gouvernements, depuis cent ans, sont annulées ; toutes les congrégations devront solliciter du Parlement une autorisation législative ; celles qui ne l’obtiendront pas seront dissoutes et leurs biens liquidés.

En 1903, rejet en bloc par la Chambre (sur le rapport du F :. Rabier) de toutes les demandes en autorisation présentées par les congrégations religieuses vouées à l’enseignement, à la prière, à la prédication. Laïcisation des hôpitaux de la Marine : l’accès en est interdit au prêtre, à moins qu’il ne soit expressément appelé (par écrit) par un moribond. Les crucifix sont arrachés des prétoires.

En 1904, suppression de l’Ambassade de France auprès du Vatican. Cette rupture des relations diplomatiques est suivie - fait inouï dans les annales du monde civilisé - du viol de la Nonciature et du vol des papiers officiels et personnels qui s’y trouvaient.

Troisième loi sur l’enseignement qui sera désormais, à tous les degrés et jusque dans les écoles libres, interdit aux religieux, même à ceux appartenant à des congrégations antérieurement autorisées. Fermeture de plusieurs milliers d’écoles chrétiennes.

Spoliation des établissements congréganistes qui n’étaient pas essentiellement charitables.

En 1905, loi de Séparation : le Concordat est aboli et le budget des cultes supprimé. Cependant, le budget du culte catholique représentait la rente (à un taux très modique) des biens dont l’Eglise de France avait été expropriée en 1790, pour cause d’intérêt national.

Le raisonnement des Juifs et des Francs-Maçons, maîtres de la République, était le suivant : « ou bien le Pape acceptera les associations cultuelles prévues par la loi de séparation, ou bien il les rejettera. S’il accepte, l’autorité des évêques sera bientôt annihilée, la loi donnant toute indépendance aux cultuelles en matière administrative et faisant trancher, par la juridiction civile, les conflits d’intérêt qui pourront s’élever entre l’évêque et ces associations. Alors l’Eglise de France se désagrégera, sous l’influence des querelles intestines et des schismes qui éclateront de toutes parts.

« Si le Pape refuse, tous les biens de l’Eglise, en l’absence des institutions cultuelles instituées par la loi, deviendront biens sans maîtres et nous en disposeront à notre guise.

« Dans ce dernier cas, au bout de peu de temps, les prêtres catholiques n’auront plus de quoi se vêtir, se loger et se nourrir, et l’Eglise n’aura échappé à l’anarchie et aux schismes que pour mourir d’inanition. »

La sagesse du Souverain Pontife, éclairé par le Saint-Esprit, l’abnégation du clergé français et la générosité des fidèles ont fait échouer ce plan diabolique. Le Pape, jugeant le péril moral qui menaçait l’Eglise infiniment plus grave que les maux matériels dont elle allait souffrir, repoussa le cadeau empoisonné des cultuelles génératrices de schismes. Prêtres et fidèles de France se soumirent de tout cœur à la décision du Saint-Père et donnèrent ainsi un éclatant démenti à l’habituelle accusation maçonnique que le catholicisme est une religion d’argent. A leurs impôts, à la charge de leurs écoles libres, les catholiques français ajoutèrent l’obligation de faire vivre leur clergé et d’assurer les frais du culte. Les prêtres acceptèrent courageusement une existence médiocre et parfois la misère. Au prix de leurs souffrances, l’Eglise de France était sauvée.

En 1906, nouvelles dragonnades républicaines ; effraction violente et inventaires des églises ; nombreux catholiques blessés, notamment dans Paris, à Sainte-Clotilde et à Saint-Pierre-du-Gros-Caillou. André Régis est tué à Montregard (Haute-Loire) et René Ghysel à Boschoeppe (Nord).

La même année, l’entrée des hôpitaux militaires est, comme dans la Marine, interdite au prêtre, s’il n’est pas expressément appelé par un moribond.

En 1907, suppression, sur les monnaies, de la vieille devise qui était en même temps une prière : « Dieu protège la France ! »

En 1908, loi de spoliation définitive de l’Eglise de France : tous ses biens meubles et immeubles, cathédrales, églises, palais épiscopaux avec leurs œuvres d’art, séminaires avec leurs bibliothèques, presbytères, dotations des menses et des fabriques, fondations des messes, etc…, sont volés par la République et attribuées à l’Etat, aux départements, aux communes ou à des établissements laïques. La presse républicaine pousse un long cri de triomphe.

En 1909, arrêt du Conseil d’Etat rejetant le pourvoi formé par le cardinal archevêque de Paris (2). Cet arrêt déclara la basilique du Sacré-Cœur de Montmartre propriété de la Ville de Paris.

[…]

En 1910, décret confisquant, au profit de la commune de Lourdes, la basilique, la crypte, l’église du Rosaire et la grotte de Massabielle.

En 1911, décision ministérielle interdisant aux militaires l’accès des cercles catholiques. »


(1) Cette mesure visait spécialement les Jésuites, parce que les succès remportés, chaque année, dans les concours d’admission aux grandes écoles, par leurs élèves de la rue des Postes, à Paris, du Caousou, à Toulouse , etc., excitaient la colère et l’envie des Francs-maçons.


(2) Cardinal Richard.

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