Les Carnets René Benjamin


Carnet n° 2


(août 2014)




Table des noms cités


dans les Carnets de Guerre


ou


« Les Cercles de l’Enfer »













































Dans ces Carnets1, les personnages se pressent, soit que René Benjamin, les ait personnellement côtoyés ou rencontrés, comme Carvallo, les Maître, Madame Pouquet ou le curé de Savonnières, – bien d’autres encore, à Vichy, à Paris, ou pendant ses tournées de conférences dans toute la France, soit qu’à propos de tel ou tel événement, il évoque leurs figures, leurs propos ou leurs actes, dans un époque dont il essayait de tenir au jour le jour la chronique. Elle était, en effet, grosse d’un avenir inconnu qui serait peut-être le sien, mais, à coup sûr, celui de ses enfants.

A un degré qu’atteint rarement un père, c’est pour eux qu’il avait toujours vécu. René Benjamin, si résolu à beaucoup d’égards, est, à celui-ci, exemplaire. Le sentiment d’une vie perdue – la leur, pas la sienne – n’est-il pas à la fois attesté et consacré, au seuil de l’année qui fut celle du désespoir pour beaucoup de pères de famille, par la lettre qu’il reçut de son fils Jean-Loup le 10 juillet 1940.

« Ce que je veux te dire, c’est que je pense, papa, à ce qu’a été ta vie. Trente-cinq ans de travail et de lutte pour arriver à cet effondrement. Je pense à ce que tu as laissé à Paris, à tout ce que tu as recueilli à notre intention, à la vie que tu as rêvé pour nous… Je sens comme jamais ce que vous êtes tous les quatre pour moi. Puisque vous ne pouvez rien pour le pays, ayez du moins le sens de ce que représentent vos vies et vos libertés. »


*

On a nommé les années 1920-1940 « l’entre-deux-guerres ». Malgré les diktats wilsoniens – ou plutôt à cause d’eux, la guerre n’a jamais cessé ; ce fut, comme la nommait Henri Massis, dans un livre paru en 1940, une « Guerre de trente ans », dont les épisodes sont maintenant bien connus, et au cours de laquelle les gouvernements de la Troisième République, emportés par des passions partisanes ou idéologiques, souvent anti-françaises, jouèrent un rôle terriblement néfaste.

René Benjamin fut un des rares hommes qui, au niveau qui était le sien et avec les armes dont il disposait, lutta sans défaillance contre cette tendance délétère, voire suicidaire. La plupart de ses compagnons d’armes sont connus : Béraud, La Varende, Maurras, Léon Daudet – et, à côté d’eux, toute cette bourgeoisie qui remplissait les salles où il viendra plus tard expliquer la politique du Maréchal Pétain. Les girouettes, les attentistes, les arrivistes, les profiteurs, il y en eut toujours. Des uns et des autres, nous retiendrons quelques noms, en indiquant brièvement leur attitude au cours de cette période trouble et difficile.

Voici donc, côte à côte, les Fidèles, des hommes courageux qui essayèrent de faire face à des évènements qu’ils n’avaient pas provoqués. Voici aussi quelques-uns de ceux qui trouvèrent plus facile un engagement absurde à un idéal souvent frelaté, porté par les pires ennemis de la civilisation.


Xavier Soleil


1. René Benjamin, Carnets de Guerre (1939-1948), préface de Yann Clerc - Editions Pardès, 2013











Amiral Jean-Marie Charles Abrial (1879-1962) – En 1939, l'action des troupes qu'il commandait permit le départ vers l'Angleterre d'importants contingents anglais et français, plus de 300.000 hommes. Gouverneur général de l'Algérie en 1940, il apporta son soutien au Maréchal Pétain et fut ministre de la Marine du 29 novembre 1942 au 25 mars 1943. Arrêté à la « libération », il fut condamné le 14 août 1946 par la Haute Cour de Justice à 10 ans de travaux forcés – peine commuée en 5 ans de prison – et à la dégradation nationale à vie ; il fut ensuite réhabilité.


Contre-Amiral Gabriel Auphan (1894-1982) – Secrétaire d’état à la Marine d’avril à novembre 1942, il s’oppose, comme le général Weygand, à toute politique de collaboration avec l’Allemagne. Chargé en août 1944 par le maréchal Pétain d'une démarche auprès du général De Gaulle en vue d’une passation de pouvoir officielle, il ne put mener cette mission à bien, De Gaulle ayant refusé de le recevoir. Le 14 août 1946, la Haute Cour de justice le condamna par contumace aux travaux forcés, à la dégradation nationale à vie et à la confiscation de ses biens ; rejugé en 1955, il est condamne à 5 ans de prison avec sursis : en 1956, le Conseil d'État lui rendit son grade et ses droits à pension. Auteur de La Lutte pour la vie 1940-1942 ou La Marine au service des Français (1947), Les grimaces de l'histoire, l'histoire de mes trahisons (1951), Histoire élémentaire de Vichy (1971), Histoire de la décolonisation (1975), L'honneur de servir (1978).


Georges Bernanos (1888-1948) – Ecrivain. Exilé volontaire au Brésil de 1938 à 1945, il devient l'une des voix de la Résistance. Dès le 18 juin 1940, il voit en De Gaulle un « personnage donné par l'Histoire », auquel il invite d'emblée tous les Français à se rallier.


Jean Bichelonne (1904-1944) – Sorti en 1925 major de sa promotion à l'École polytechnique avec les meilleurs résultats depuis la création de l'école. Ingénieur du Corps des Mines, il était en 1939 chef de cabinet du ministre de l'Armement Raoul Dautry ; à ce titre, il fit transporter en Grande-Bretagne le stock d'eau lourde afin qu'il ne tombe pas aux mains des Allemands. Cependant il assume de lourdes responsabilités pendant l’occupation, comme Secrétaire d'État à la Production industrielle, fonction qui l’amènera à superviser la mise en œuvre du Service du travail obligatoire (STO). Classé comme ultra-collaborationniste, il s'enfuit à Sigmaringen à la « libération » ; il mourut (assassiné ?) à l'hôpital SS de Hohenlychen, près de Berlin.


Abel Bonnard (1883-1968) – Ecrivain, auteur de L’Eloge de l’ignorance (1926), de L’Amitié (1928), de Les Modérés (1936) il est élu en 1932 à l’Académie française où il succède au poète Charles Le Goffic. Sous l’occupation, membre du Groupe Collaboration, il soutint la création de la L.V.F. et fut ministre de l'Éducation nationale et de la Jeunesse du gouvernement Laval. Réfugié à Sigmaringen en 1944, il obtint l'asile politique en Espagne.


René Capitant (1901-1970) – Juriste et homme politique. Résistant, commissaire à l'Instruction publique du Comité français de la Libération, puis ministre de l'Education nationale du gouvernement provisoire. Il fut également, en 1962, Conseiller juridique et technique auprès de l'exécutif provisoire algérien et, du 31 mai 1968 au 27 avril 1969, Garde des Sceaux.


Horace de Carbuccia (1891-1975) – Il était le gendre du Préfet de police Jean Chiappe. Créateur des Editions de France, puis de Gringoire (1928), hebdomadaire politique et littéraire d'extrême droite qui tira bientôt à plusieurs centaines de milliers d’exemplaires. Henri Béraud y publia, en 1935 son célèbre article « Faut-il réduire l'Angleterre en esclavage ? ». Carbuccia arrêta la parution du journal le 25 mai 1944.


Alexis Carrel (1873-1944) – Chirurgien et biologiste, lauréat du prix Nobel de physiologie et de médecine en 1912. S'étant fait mondialement connaître par la publication de L'Homme, cet inconnu en 1935, il se convertit au catholicisme lors d'un séjour à Lourdes en 1903, après avoir assisté à ce qu'il considéra être un miracle. En 1941, il rencontre le maréchal Pétain qui le nomme « régent » de la Fondation française pour l'étude des problèmes humains, chargée de l’étude, sous tous ses aspects, des mesures les plus propres à sauvegarder, améliorer et développer la population française dans toutes ses activités ». La Fondation eut pour secrétaire général François Perroux avant que celui-ci ne se brouillât avec Carrel ; elle fut notamment à l'origine des lois instaurant la médecine du travail, le certificat prénuptial et le livret scolaire. À la « libération » de Paris, Carrel fut une des toutes premières personnalités visées par le gouvernement provisoire de la République (GPRF) ; il fut suspendu de ses fonctions le 21 août 1944 à la demande de Paul Milliez et de Louis Pasteur Vallery-Radot et la Fondation fut dissoute. Mais il comptait de nombreux soutiens américains et Eisenhower reçut l'ordre de « ne pas laisser toucher à Carrel ».


Paul Chack (1878-1945) – Officier de marine et écrivain, condamné à mort à la Libération pour « intelligence avec l’ennemi » et fusillé le 9 janvier 1945. Il avait créé en 1941 et dirigé jusqu’en 1945 le Comité d’action antibolchévique.


Jacques Chevalier (1882-1962) – Philosophe, doyen de la Faculté des Lettres de Grenoble. Il fut secrétaire d’état à l’Instruction publique et à la jeunesse, puis à la Famille en 1940-1941, dans les gouvernements Flandin et Darlan. Arrêté par le maquis le 25 juin 1944, il est condamné à vingt ans de travaux forcés, à la dégradation nationale et à la confiscation de ses biens ; il est libéré en 1947. Auteur notamment d’un Bergson, d’un Descartes et d’un Pascal, ainsi que d’une Histoire de la Pensée en 6 volumes.


Jean Chiappe (1878-1940) – Préfet de Police en 1927, élu Président du conseil municipal de Paris en 1935, puis député de la Seine. Il est nommé, le 25 novembre 1940, Haut-commissaire de France au Levant ; c’est en s’y rendant en avion que l’appareil dans lequel il avait pris place fut abattu lors d’une bataille aéronavale anglo-italienne. Il est alors cité à l’ordre de la Nation par le Maréchal Pétain.


Pierre Cot (1895-1977) – Ministre de l’Air en 1936, il organise une aide clandestine aux républicains espagnols (Jean Moulin fait alors partie de son équipe). Après la guerre il devient un compagnon de route du Parti communiste ; il obtient le Prix Staline international pour la paix en 1953.


Chanoine Aristide CormierProfesseur au Grand Séminaire de Tours. Il fut chargé par Mgr Gaillard, Archevêque de Tours, de visiter Charles Maurras pendant son séjour à la clinique Saint-Grégoire de Tours, de mars à novembre 1952, date de sa mort. Ami de René Benjamin, le chanoine Cormier avait assisté celui-ci à ses derniers moments en 1948. Peu après sa dernière mission, il publia Mes Entretiens de prêtre de Charles Maurras.


Jacques Doriot (1898-1945) – Journaliste et homme politique ; d’abord communiste, il fonde en 1936 le Parti Populaire Français (PPF) qui se rapproche peu à peu des mouvements de droite. En 1941, il appuie la création de la Légion des volontaires français (LVF) qui combattent sous l'uniforme allemand ; il s'engage lui-même et effectue de longs séjours sur le front de l'Est durant la période 1943-1944. Réfugié en Allemagne avec Marcel Déat et Fernand de Brinon, la voiture dans laquelle il se trouvait fut mitraillée par un avion anglais. Auteur de Refaire la France (1938) et de Je suis un homme du Maréchal (1941).


Amiral Jean-Pierre Estéva (1880-1951) – Nommé, en juillet 1940, Résident général de France en Tunisie, il soutient la politique du Maréchal. Rapatrié en France en 1943, il est au même moment condamne à mort, en AFN, par un Conseil de guerre présidé par le général Giraud. Arrêté à la « libération », il est reconnu coupable de trahison par la Haute Cour de Justice le 15 mars 1945 et condamné aux travaux forcés à perpétuité et à la dégradation militaire.


Bernard Fay (1893-1978) Historien. Nommé administrateur général de la Bibliothèque nationale en 1940, à la suite de la révocation de Julien Cain, puis chef du Service des sociétés secrètes (SSS), chargé de classer les archives saisies dans les loges. Arrêté en 1944, il est condamné aux travaux forcés à perpétuité ; avec l’aide d’Alice B. Toklas, amie de Gertrude Stein, il réussit à s’évader lors d’un séjour à l’hôpital d’Angers, et se réfugie en Suisse. Principales œuvres : L'esprit révolutionnaire en France et aux États-Unis à la fin du XVIIIe siècle (1925), La Franc-maçonnerie et la révolution intellectuelle du XVIIIe siècle (1935), Louis XVI ou la fin d'un monde (1961).


Bernard Grasset (1881-1955) – Editeur. En 1944, il est accusé de « collaboration », sur dénonciation anonyme. Il est condamné par la Chambre civique le 20 mai 1948 à la dégradation nationale à vie et à la confiscation de ses biens. En 1949, sur décision du Président de la République Vincent Auriol, Bernard Grasset retrouvera ses droits et reprendra sa maison d'édition.


Grock (Charles Adrien Wettach dit) – Clown suisse (1880-1959), considéré par ses pairs comme le plus grand clown musical du XXe siècle.


Henry Haye (1890-1983) – Député, puis sénateur de Seine-et-Oise, maire de Versailles de 1935 à 1944, ambassadeur aux Etats-Unis de 1940 à 1944, il refusa de trahir l'autorité légale et de rejoindre l'armée américaine avec le grade de général. Contraint de démissionner de la mairie de Versailles en 1944 et condamné à mort par deux réseaux de résistance, il se réfugia en Afrique du Sud jusqu'en 1950.


Général Laffont – Chef du Scoutisme français jusqu’en 1948, date à laquelle il démissionna à la suite des critiques suscitées par son adhésion au Comité pour la libération du maréchal Pétain. Il symbolisa, pendant la guerre, l’étroitesse des liens des Scouts de France avec le régime de Vichy et plus précisément avec la personne du Maréchal.

Hubert Lagardelle (1974-1958) – Syndicaliste et journaliste. En 1926, il adhère au Faisceau de Georges Valois ; de 1932 à 1937, il assiste l'ambassadeur de France à Rome, Henry de Jouvenel, dans sa tentative d'établir une alliance franco-italienne pour faire barrage à l'expansionnisme allemand. En 1942-1943, il devient ministre du Travail dans le gouvernement Laval. En 1946, il est condamné à la prison à perpétuité.


Général de La porte du Theil (1881-1976) – Fondateur et chef des Chantiers de Jeunesse, qui avaient pour objectif de donner aux jeunes Français un complément de formation morale, physique et professionnelle pour les préparer à assumer un jour leurs responsabilités au service de la France. Arrêté par les Allemands en janvier 1944 et interné en Allemagne, il tombe entre les mains de l'armée française le 4 mai 1945. Il est mis en jugement devant la Haute Cour de Justice, obtient un non-lieu, mais est condamné à l’indignité nationale.


Alexis Léger dit Saint-John Perse (1887-1975) – Poète et diplomate né à Pointe-à-Pitre. En février 1933, il remplace Philippe Berthelot au poste de secrétaire général du ministère des Affaires étrangères. En 1940, il s’exile aux Etats-Unis où il devient, avec Jean Monnet, le seul Français qu'accepte d'écouter le président Roosevelt. Prix Nobel de littérature en 1960.


François Lehideux (1904-1998) – En 1929, il épouse Françoise Renault, nièce de Louis. En 1934, il entre chez Renault dont il devient directeur général. Après la signature de l'armistice, il est décoré de la Francisque par le maréchal Pétain, qui le nomme Délégué à l'Équipement national, puis secrétaire d'État à la Production industrielle dans le gouvernement Darlan, succédant ainsi à Pierre Pucheu. Il quitte ce poste au retour de Pierre Laval en avril 1942. Il est arrêté à la « libération », incarcéré et libéré en 1946 par un non-lieu de la Haute Cour de Justice.

Il a présidé l'Association pour défendre la mémoire du maréchal Pétain et fut l'objet de poursuites avec Maître Jacques Isorni à la suite de la parution dans Le Monde du 13 juillet 1984 d'un encart publicitaire intitulé: « Français, vous avez la mémoire courte » ; après avoir été condamné en première instance, condamnation confirmée par la Cour d'appel de Paris et la Cour de Cassation, il s'adressa à la Cour européenne des droits de l'homme qui estima, dans un arrêt rendu le 23 septembre 1998, que condamner une personne ayant présenté sous un jour favorable les actions du maréchal Pétain constituait une violation du droit à la liberté d'expression, tel que défini par l'article 10 de la Convention européenne des droits de l'homme. Sa nièce, Martine Lehideux, a été vice-présidente du Front national.


Charles Luizet (1903-1947) – Officier en poste à Tanger, il répond le jour même à l’Appel du 18 juin. Résistant d’abord sur place, puis à Vichy, puis en AFN, il est nommé préfet en Corse en 1943, puis, en 1944, préfet de police de Paris, où il s’entend avec le colonel Rol-Tanguy, chef des FFI pour préparer et diriger l’insurrection.


François de Menthon (1900-1984) – Président de l'Action catholique de 1927 à 1930. Dès 1940, il est l’un des responsables du mouvement « Combat ». En 1943, il rejoint le général de Gaulle à Londres, puis à Alger où il est nommé Commissaire à la Justice au sein du Comité français de la Libération nationale. À la « libération », François de Menthon devient ministre de la Justice dans le Gouvernement provisoire de la République française du général De Gaulle, de septembre 1944 jusqu'au 8 mai 1945. Il s'est occupé entre autres du procès du maréchal Pétain et de l'épuration des fonctionnaires collaborateurs du régime de Vichy. Puis il est nommé, par le général De Gaulle, procureur au tribunal de Nuremberg. Il donna du crime contre l'humanité la définition suivante : « crime contre le statut d'être humain motivé par une idéologie qui est un crime contre l’esprit visant à rejeter l’humanité dans la barbarie ».


Marcel-Edmond Naegelen (1892-1978) – Député socialiste. A la « libération », il est président de la Haute Cour de Justice. De 1946 à 1948, il est ministre de l'Éducation nationale ; il réorganise le Conseil supérieur de l'Éducation nationale. Créateur des séries techniques du baccalauréat, c’est sous son autorité qu’est publié le plan Langevin-Wallon qui pose le principe de l’école unique et de l’égalité devant l’enseignement.


Amiral Charles Platon (1886-1944) – Secrétaire d’Etat aux Colonies en 1940, puis Secrétaire d’Etat auprès de Pierre Laval en 1942. Partisan d’une politique de collaboration avec l’Allemagne, il est assigné à résidence en juillet 1944 par le gouvernement Laval ; capturé par les maquisards FTP Dordogne le 18 août 1944, il est fusillé le jour même.




Pierre Pucheu (1899-20.3.1944) – Industriel et homme politique. Il a été secrétaire d'État à l'Intérieur de juillet 1941 à avril 1942. Passé en AFN, il est fusillé le 20 mars 1944, après un simulacre de procès et un refus de grâce de De Gaulle. Il fut le premier membre du gouvernement de Vichy à être exécuté dans le cadre de l' « épuration ».


Lucien Rebatet (1903-1972) – Écrivain, journaliste, et critique musical et cinématographique dans l’Action Française, puis dans Je suis partout. Livres et pamphlets : Les Tribus du cinéma et du théâtre, Le Bolchévisme contre la civilisation, Les Décombres (1942). Son dernier article, publié le 28 juillet 1944, s'intitulait Fidélité au national-socialisme. Réfugié à Sigmaringen, il est arrêté à Feldkirch le 8 mai 1945. Jugé en même temps que Claude Jeantet et Paul-Antoine Cousteau, il est condamné à mort ; gracié, il est détenu à Clairvaux où il achève un roman commencé à Sigmaringen : Les Deux Étendards qui sera publié par Gallimard. Il est libéré en 1952.


Louis Renault (1877-1944) fondateur en 1899 de la société éponyme. En 1940, ses usines sont réquisitionnées par la Wehrmacht et passent sous administration allemande. En 1942, elles sont totalement détruites par les bombardements alliés. Après la « libération » de Paris, il est arrêté et incarcéré à Fresnes, où, quoique très malade, il est torturé par les FTP. Il succombe le 24 octobre 1944 à l'hôpital psychiatrique de Ville-Evrard à Neuilly-sur-Marne où il venait d’être transféré. Le 1er janvier 1945, une ordonnance du Gouvernement provisoire de la République française présidé par le général De Gaulle prononce la dissolution de la société Renault et sa nationalisation sans indemnité sous le nom de « Régie nationale des usines Renault ».


Père Michel Riquet (898-1993) – Jésuite. Disciple de Jacques Maritain. Engagé dans la Résistance, il est arrêté par la Gestapo en janvier 1944, puis déporté (Mauthausen, puis Dachau). De 1946 à 1955, il est chargé des Conférences de Carême à Notre-Dame de Paris (où il remplaça le Père Panici qui, l’année précédente, avait qualifié, le Gouvernement né de la « libération » et présidé par De Gaulle, de « régime d’abattoir »). Il était grand officier de la Légion d'honneur, président d'honneur de l'Union nationale des déportés, vice-président de l'Office national des anciens combattants, président d'honneur du Réseau du Souvenir et vice-président de la Ligue internationale contre le racisme et l'antisémitisme (LICRA).


Mgr Jean Rodhain (1900-1977) – Aumônier de la J.O.C., puis aumônier militaire. Grâce à ses relations avec le maréchal Pétain et le régime de Vichy, il organisa les secours spirituels pour les prisonniers durant la Seconde Guerre mondiale. En mai 1945, il fonde le Secours catholique qui prit bientôt une extension mondiale. « La découverte de ce qu'étaient la captivité, les camps des réfugiés, l'immense exode après-guerre, et puis les premiers voyages que j'ai dû faire, soit en Egypte pour une épidémie de choléra, soit quelques années après au Viêt-nam pour accompagner les réfugiés du Nord vers le Sud : c'est en me cognant, en me heurtant à toutes ces situations-là, que j'ai découvert la véritable pauvreté. Autrement, je ne la soupçonnais pas. » J.R.


Louis Rougier (1889-1982) – Professeur de philosophie à l'Université de Besançon. Après l'armistice de 1940, il rencontre secrètement Lord Halifax, secrétaire aux Affaires étrangères dans le cabinet britannique, le 24 octobre1940, le jour même de l'entrevue de Montoire entre Hitler et Pétain. Au cours de cette rencontre, il a donné l'assurance à Lord Halifax que jamais la France ne retournerait ses alliances. Il a plus tard évoqué cette rencontre dans son livre Mission secrète à Londres. Egalement auteur de Le Bilan du gaullisme, il est membre du comité directeur de l'Association pour la défense de la mémoire du Maréchal Pétain dès sa création en 1951.


Maréchal Gert Von Runstedt (1875-1953) – Officier issu de l’aristocratie prussienne, il se vit confier les plus hautes responsabilités dans l’armée allemande malgré son opposition viscérale à Hitler et au régime national-socialiste. Fait prisonnier le 1er mai 1945 par la 36e division américaine, il fut maintenu en détention en Grande-Bretagne jusqu'en juillet 1948 ; accusé de crimes de guerre il ne fut jamais jugé.


Walter Stucki (1888-1963) – Ambassadeur de Suisse en France auprès du gouvernement du Maréchal Pétain de 1940 à 1944. Par ses interventions pressantes auprès des Forces Françaises de l’Intérieur et du commandement allemand, il obtint l’évacuation de la ville au lendemain de la « libération » sans effusion de sang. Nommé « Citoyen d’Honneur de la ville de Vichy » le 29 Août 1944, il fut reçu à deux reprises par la municipalité en 1946 et 1957. Il est l’auteur d’un livre de souvenirs sur les événements intitulé La fin du régime de Vichy. Une rue de la ville porte son nom. Il avait assisté, avec le nonce, Mgr Valerio Valeri, à l’arrestation du Maréchal par les Allemands le 20 août 1944.


Georges Suarez (1890-1944) – Ecrivain et journaliste. Il fut le premier journaliste condamné à mort et exécuté lors de l'épuration. Principales oeuvres: La vie orgueilleuse de Clemenceau (2 vol., 1932), Briand, sa vie, son œuvre, avec son journal et de nombreux documents inédits (6. vol., 1938-1952).


Geneviève Tabouis (1892-1985) – Historienne et journaliste, nièce de Paul et Jules Cambon. En 1940, elle part aux Etats-Unis où elle devient l'amie et la confidente d'Eleanor Roosevelt. Rentrée en France en 1945, elle se fit connaître de la France entière sur l’antenne de Radio-Luxembourg par ses chroniques politiques des années 50 et 60, les Dernières nouvelles de demain.


Jean Tracou – Il fut le dernier directeur de cabinet du Maréchal Pétain. Il a publié Le Maréchal aux liens, le temps du sacrifice aux éditions Bonne en 1949.


Xavier Vallat (1891-1972) – Avocat, journaliste et homme politique. Elu plusieurs fois député de l’Ardèche. Fin 1941, il est nommé à la tête du Commissariat général aux questions juives, nouvellement créé, poste auquel lui succédera l’année suivante, imposé par les Allemands, Louis Darquier de Pellepoix. Du 29 juin au 19 août 1944, il remplace Philippe Henriot au micro du Radio-Journal de Vichy. En 1947, Xavier Vallat est condamné à dix ans d'emprisonnement et à l'indignité nationale à vie ; il est libéré en décembre 1949. Principaux ouvrages : Charles Maurras : numéro d'écrou 8321 (1953), Le Nez de Cléopâtre, souvenirs d'un homme de droite, 1919-1944, préface de Charles Maurras (1957), La Croix, les lys et la peine des hommes (1960), Lettres passe-murailles, correspondance échangée entre Charles Maurras et Xavier Vallat de mars 1950 à novembre 1952 (1965), Feuilles de Fresnes 1944-1948 (1971).


Jean des Vallières – Officier de cavalerie, puis aviateur pendant la guerre de 1914. Prisonnier des Allemands, il s’évade et participe à la révolution à Berlin et à Magdebourg – aventures qui lui fourniront le thème des deux récits publiés après la guerre, Kavalier Scharnhorst et Spartakus -Parade. Sous-préfet pendant la seconde guerre mondiale, il est condamné à mort à la « libération » et contraint de passer sept ans d'exil en Suisse.


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