Anatole France, un écrivain oublié
Charles
Maurras admirait profondément Anatole France et lui fut toujours fidèle. Après
sa mort, alors que les Surréalistes « giflaient »
son « cadavre », il publia
un petit livre dans lequel il rappela les services que l’écrivain rendit à la
France, et d’abord à sa langue successivement mise à mal par les
« écoles » parnassienne, symboliste et décadente. En effet, dès ses
premières oeuvres, France fit admirer le style classique le plus pur - et il
faut citer des titre oubliés comme Les
Désirs de Jean Servien ainsi que la merveilleuse série de ses souvenirs
d’enfance : Le Petit Pierre, La Vie en fleurs et Le Livre de mon ami dont la lecture est toujours un enchantement.
Sur le plan
politique, il mit à nu les défauts du régime républicain dans cette série qu’on
ne lit plus, L’Histoire contemporaine,
et où l’on trouvait ces phrases restées, malgré tout, célèbres : « Nous n’avons, nous ne pouvons pas avoir de
politique extérieure » ou : « Nous n’avons pas d’Etat, nous n’avons que des administrations », et
encore cette philippique sur la IIIe République à son
apogée, dont je ne citerai que le début : « En vingt ans, quel progrès dans la décomposition ! Un chef de
l’Etat dont l’impuissance est l’unique vertu et qui devient criminel dès qu’on
suppose qu’il agit ou seulement qu’il pense ; des ministres soumis à un
Parlement inepte, qu’on croit vénal, et dont les membres, de jour en jour plus
ignares, furent choisis, formés, désignés dans les assemblées impies des
francs-maçons, pour faire un mal dont ils sont même incapables, et que
surpassent les maux causés par leur inaction turbulente ; un
fonctionnarisme sans cesse accru, avide, malfaisant, en qui la République croit
s’assurer une clientèle et qu’elle nourrit pour sa ruine... » etc, etc.
Enfin et
peut-être surtout, ce roman qui, je crois, est encore lu, Les Dieux ont soif, publié en 1910, donne de la Terreur, une image
qui, écrivait Maurras, « ramène à
tout ce qu’enseigne la philosophie de la réaction ».